jeudi 19 mars 2015

Le musée de l'Histoire de la Yougoslavie: La Serbie et la Grande Guerre

Pour marquer les 100 ans de la Grande Guerre, au musée de l'Histoire de la Yougoslavie, les visiteurs peuvent, depuis quelques mois déjà, visiter une exposition interactive qui retrace les moments importants du conflit. L'exposition met surtout en valeur la vie en Serbie avant et pendant la guerre et montre les souffrances et le courage du peuple serbe.

Le musée de l'Histoire de la Yougoslavie

L'affiche de l'exposition

Au début du XXème siècle, le Royaume de la Serbie est encore un pays agraire où la majorité de la population est illettrée. Cependant, la Serbie petit à petit, se transforme. Le pays se lance dans un dévelopement, tant industriel qu'artistique et architectural. En 1900, lors de l'exposition internationale de Paris, le pavillon serbe au style serbo-bizantin a représenté de façon splendide la culture et l'architecture de la Serbie.

Le pavillon serbe à l'exposition internationale de Paris en 1900.
En 1908, l'hôtel Moskva qui est un joyau architectural de la capitale serbe fut ouvert au public. Il est aujourd'hui encore l'un des signes distinctifs de Belgrade.


Belgrade est alors une capitale pleine de vie et d'évenements artistiques. Le Théâtre national a un répertoire très riche, opéra, ballet, théâtre, digne d'une capitale européenne.


La Serbie entame un développement industriel et de nombreuses manufactures sont alors créées, qui éxistent encore aujourd'hui, comme la production de verre à Paraćin (1910) et la production de sucre à Crvenka (1912).

Soudainement, l'annexion de la Bosnie Herzégovine par l'empire austro-hongrois crée une forte tension dans les Balkans.  


La Turquie spectatrice: la Bulgarie proclame son indépendance alors que l'empire austro-hongrois annêxe la Bosnie Herzégovine. Les Balkans changent.

Caricature datant de 1909 représentant la botte austro-hongroise en Bosnie Herzégovine
Les Balkans comme un accordéon étiré à craquer. Tout le monde en veut un bout. 

Cette crise aboutit à l'attentat de Sarajevo en 1914 et la Serbie bascule directement dans la guerre, les conspirateurs du complot faisant partie de l'organisation la "Jeune Bosnie" étant à majorité serbes. La kafana la "Béluga dorée" dans laquelle les conspirateurs ont forgé les détails de l'attentat éxiste encore aujourd'hui à Belgrade, dans le quartier de Savamala, près du marché de la Couronne Verte (Zeleni Venac) 

L'une des dernières photos de l'archiduc François Ferdinand et de son épouse, à Sarajevo


Les conspirateurs de l'attentat de Sarajevo, faisant partie du mouvement de la "Jeune Bosnie". Le plus connu d'entres eux, pour avoir tiré sur l'archiduc et son épouse, Gavrilo Princip.
Les dates décisives
L'exposition retrace alors les moments forts, non pas du conflit lui-même, mais du comportement héroïque et de la souffrance du peuple serbe durant les années de guerre. La population masculine mobilisée est constituée presqu'entièrement de paysans qui n'ont aucune notion des combats mais qui n'ont pas hésité à s'engager dans la défense de leur patrie. Ils ne sont pas adéquatement équipés et, au lieu de bottes militaires, ils portent les chaussures nationales serbes: les "opanci".

Les vieux "opanci"

Uniforme du soldat serbe

Uniforme du soldat serbe
L'héritier du trône Aleksandar Karađorđević envoir un message de gratitude à tous ceux qui ont répondu "Présent" à la mobilisation.
Quelques citations montrent le courage et la générosité de ces soldats.
"Qui sont ces héros, ceux qui peuvent dire qu'ils ont mérité la plus fortes des accolades? Ce sont des paysans, presque tous - ce sont des serbes, à la peau dure, sobres, modestes, qu'on ne peut pas briser, ce sont des hommes libres, fiers de leur race et maîtres de leurs terres. Mais la guerre arriva. Et alors, ces paysans se rassemblèrent immédiatement autour de leur Roi et de leur drapeau pour la liberté de leur patrie et, sans effort, ils devinrent les plus courageux des soldats."
Maréchal Franchet d'Esperey

"J'ai souvent été témoin lorsque des soldats ennemis, épuisés par la faim, été amenés; au lieu de maltraiter ces soldats qui avaient brûler leurs maisons et massacré leurs femmes et leurs enfants, vos soldats faisaient preuve de compassion devant leur destin et leur donnaient la dernière tranche de pain qu'ils avaient dans leur poche."
Archibald Reiss
La femme serbe est représentée à travers quatre portraits:

"Le visage féminin de la Grande Guerre"
- La citadine, mondaine, éduquée, à la pointe de la mode. Petit à petit, les femmes apparaissent sur le devant de la scène dans des sphères qui étaient jusque là réservées aux hommes. La première architecte serbe, Jelisaveta Načić, est la créatrice du petit escalier du parc de la forteresse Kalemegdan, juste en face de l'ambassade de France.

Petit escalier de la forteresse Kalemegdan par l'architecte Jelisaveta Načić


- La paysanne, pillier de la Serbie, qui reprit avec courage et perséverance les travaux des champs et des fermes, leurs hommes se battant au front ou étant déjà, malheureusement, morts au combat. Seules, elles nourrissent la Serbie.



"Les femmes paysannes vont aux vergers où sont enterrés leurs bien-aimés. Elles plantent leurs bougies allumées dans la terre, allongées sur les tombes, elles parlent à ceux qui ont été tués: "Mon amour, tu étais mon coeur, pourquoi m'as-tu quittée?" Aujourd'hui, mères, épouses et filles se sont rassemblées en cet endroit pour prier Dieu sur cette grande tombe dans laquelle reposent leurs époux, leurs fils et leurs pères."
Archibald Reiss

- Les infirmières qui ont participé directement au conflit en soignant et réconfortant les blessés.


"Les blessés sont amenés, civières après civières. Personne ne crie de douleur, personne ne pleure - les yeux de chacun d'entres eux brillent, même les yeux de ceux qui semblent très fatigués. Leurs pantalons sont couverts de sang et en lambeaux - mais qu'importe?"
Katharine Sturzenegger, infirmière

- Enfin, la guerrière, qui décida de se battre pour sa patrie aux côtés des hommes. L'une des figures féminines les plus célèbres de la Grande Guerre fut Milunka Savić, sergent dans le deuxième régiment du "Prince Michel", véritable héroïne, blessée neuf fois au front. Les Français, éblouis par son courage, la surnommèrent la "Jeanne d'Orléans serbe".

L'héroïne serbe Milunka Savić
Le bilan de la Grande Guerre pour la Serbie: entre 1,1 et 1,3 million de morts, tant civils que militaires, soit le tiers de la population totale du pays et 60% de la population masculine.

Les tranchées en grandeur nature
Les crimes contre l'humanité commis par les Austro-Hongrois envers les Serbes

"Avec foi en Dieu"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire