vendredi 28 février 2014

I wanna show you Belgrade...

Il y a quelques mois, le célèbre chanteur reggae Eddy Grant (plus célèbre probablement pour ceux qui, comme moi, se souviennent du blockbuster "A la recherche du diamant vert" dont sa chanson, "Romancing the stone",était le titre principal),était l'invité d'un talk show très populaire d'une chaîne de télé serbe. A la fin des années 90, Eddy Grant a fait son premier séjour à Belgrade, dont il est littéralement tombé sous le charme: les gens sont accueillants, la nourriture est excellente, les femmes sont belles et il y fait bon vivre. Un soir, son guide lui dit: "Come on, I want to show you Belgrade". Et c'est ainsi qu'est née la chanson "I wanna show you Belgrade" au rythme détendu, tout comme l'ambiance qui règne à Belgrade, ville cosmopolite qui a toujours accueilli les étrangers à bras ouverts. 


Le Corbusier a déclaré: "Belgrade est la ville la plus laide du monde, mais avec la meilleure position géographique du monde." Un peu exagéré pour ce qui est de la laideur (je vous en donnerai la preuve au fil de mes blogs), mais c'est très vrai pour ce qui en est de sa position géographique. Belgrade a toujours été en quelque sorte la frontière entre l'Est et l'Ouest de l'Europe. La ville est positionnée sur le confluent de deux fleuves, la Save et le Danube, Danube qui n'est peut-être pas aussi bleu que dans le titre de la célèbre valse viennoise, mais qui n'en n'est pas moins majestueux.

Confluent de la Save et du Danube
Beograd (Belgrade en serbe), est composé de deux mots: "beo", qui veut dire "blanc" et "grad" qui veut dire "ville". Belgrade est donc la "ville blanche" et ce nom existe depuis le 7ème siècle. Sa position géographique a été la raison de nombreux conflits. La ville a été conquise par de nombreuses armées, des Huns jusqu'aux turcs, qui ont contrôlé Belgrade durant presque 350 ans. C'est pourquoi la langue serbe comprend de nombreux mots turcs, la musique serbe est très proche des rythmes orientaux et beaucoup de recettes dîtes aujourd'hui traditionnelles de la Serbie, sont en fait un héritage de l'empire ottoman.

Les pages plus récentes de l'histoire serbe sont malheureusement liées aux sombres années des diverses guerres qui se sont déroulées sur le territoire de l'ex-Yougoslavie, mais Belgrade, malgré tout, est resté une ville qui accueille à bras ouverts, qui aime et honore tous ses visiteurs, sans tenir compte de couleurs de peau, de nationalités ou de religions.

La crise, ici, on s'y est habitué parce qu'elle dure depuis plus de 20 ans et on n'a pas arrêté de vivre pour autant. On a survécu l'inflation galopante du début des années 90 durant laquelle le salaire mensuel de certains était l'équivalent de 5 marks allemands. On a survécu les longues files d'attente dans les magasins pour se procurer les produits essentiels déficitaires, on a survécu l'embargo, la guerre, le bombardement des forces de l'OTAN, donc, ce n'est pas une petite crise mondiale qui va nous achever. On essaie d'oublier ses soucis et de prendre la vie du bon côté. Savez-vous ce que fait le serbe quand il n'a plus un seul dinar en poche? Et bien il se rend au bureau de change et échange quelques euros.

Les cafés et restaurants sont pleins à toute heure de la journée, les clubs de nuit sont les plus électriques dans toute la région des Balkans et leur réputation a fait d'eux une escale obligatoire en Serbie. De plus en plus de grandes marques européennes y sont présentes et le shopping à Belgrade est excitant comme partout ailleurs. La mode est très présente et très importante à Belgrade. On s'habille bien, on suit les tendances. Même si on a un budget limité, on s'arrange pour être soigné. Dès les premiers rayons de soleil au printemps, vous serez époustouflés par la concentration de jeunesse et de beauté dans les rues de la capitale.

Pas de place pour le pessimisme. Si les premières nuits de bombardement au printemps 1999 ont été plutôt stressantes, après une courte période d'adaptation, c'est la première nuit qui est passée sans bombardement qui a inquiété les habitants de Belgrade: "Mon Dieu, ils ne sont pas venus la nuit dernière, j'espère qu'il ne leur est pas arrivé quelque chose!"

C'est çà la mentalité serbe, humour, fierté, optimisme. On ne se laisse pas abattre. On va à plus ou moins grands pas vers l'Europe. Dommage si cela veut dire abandonner en route sa nonchalance slave et quelques unes de ses traditions et de ses coutumes. Pour le moment, à Belgrade règne encore une atmosphère relax, un peu bohème, et profiter de la vie est un must.